Gauguin et Kupka
Sous ta chemise en sursis, tes seins m’arrachent le regard et l’étalent partout sur ta peau.
Je t’ai connue mais je t’oublie.
La rondeur rouge où j’allais souvent comme ayant soif au puits ne te sert plus qu’à t’asseoir.
Je t’ai connue mais je t’oublie.
Va donc et t’ennuieras, moi je vois le jour se lever quelque part loin derrière toi.
(Gauguin 1, Nave Nave Moe)
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Plus qu’une sœur, c’est une fleur qu’elle taquine et qu’en retour elle reçoit sans le vouloir dans son tronc et dans ses branches.
Ailleurs, moi aussi je m’accouplerai avec la nature cachée en moi et sortirai des rêves colorés des plis et replis tourmentant.
(Gauguin 2, Nave Nave Fenua)
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Je connais cette émotion répétée dans les yeux d’un oiseau, dans la forme d’un buisson
mais c’est encore du passé, une patine métallique sans goût, infiniment pesante.
Regardons de côté pour fuir le passé !
(Gauguin 3, Vairumati Tei Aa)
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Les ombres du passé ressemblent fort à celle de l’avenir.
Interrompant la ronde où l’on vous invite
Dans le champ vespéral et rose
(Gauguin 4, La Ronde des petites Bretonnes)
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À se peinturlurer le risque d’un reflet s’accrochant aux ombres les plus saillantes et irisant de soi davantage qu’imaginé est grand.
Alors vivre selon les sentiments devient une évidence charnelle.
(Kupka 1, Le Rouge à lèvres n°II)
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Papillon, escargot, lèvre orbe, voile, melon cristal et corps d’insecte.
Comme des coups de langue savoureux concentriques et y revenant joyeux, contenant déjà toute l’éclosion future.
Papillon, escargot, lèvre orbe, voile, melon cristal et corps d’insecte.
(Kupka 2, Fleur)
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Il y a des coups de pinceau délicieux comme le rouge au milieu.
Invité à la dépense quotidienne et ultime de soi
— soi si petit et couleur de la nuit comme l’animal en nous rôdant — et soi éblouissant comme un œil scintillant —,
le peintre sort son gros pinceau et décore une descente de lit.
Les talons habitués à courir, la jeune femme a les mains plates dans l’attente du totem.
(Gauguin 5, Manaò Tupapaú)